J’écris très peu. Bizarre me direz-vous pour une blogueuse du Café littéraire. Eh bien, pas vraiment. Écrire, cela n’est rien, ou presque, mais tout le reste! Oh là là!, quelle affaire!
D’abord, surgit l’idée de génie qui donne le coup d’envoi. Elle émerge lorsque je fais la vaisselle, le ménage ou en plein milieu de la nuit. Elle me promet le Nirvana si je la suis jusqu’au bout. Il y a de la fébrilité dans l’air.
Pour donner forme à l’idée, rien de plus simple : s’assoir, se rendre disponible à l’écriture, sans chercher à contrôler. Par exemple, en ce moment, je ne sais pas sous quel angle aborder mon article. Depuis une semaine, je travaille chaque matin, mais je n’ai rien écrit. J’ai en réserve des pages de recherches, des collages de textes, des réflexions, des phrases isolées, une accumulation dans mon compost comme dirait Anne-Marie. Mais je commence à paniquer, car une odeur désagréable s’en dégage et la page reste blanche! Je m’assois.
Il s’agit simplement d’accueillir le vide ou le chaos, le ressentir, rien de plus. Que mes idées soient en mode néant ou hyperactivité, c’est un enfer qu’il faut sagement apprendre à tolérer. À l’heure actuelle, c’est le vide et je n’attends rien…… Foutaises! Je fais plutôt semblant de ne rien attendre. Je fixe les arbres dans la cour, je griffonne quelques mots, je réprime la tentation de lire le journal sur mon ordi ou de répondre à mes courriels. Je freine l’impulsion de faire quelque chose à tout prix pour sortir de ce malaise affolant. J’inspire (calmement #%&!) pour favoriser l’inspiration créative. Une phrase émerge de nulle part : « Votre compte arrive bientôt à expiration ». Je panique, mais je persiste à faire comme si de rien n’était.
Arrive la chute dans un véritable trou noir. J’en viens à croire que je devrais repartir à zéro. Je fustige contre l’idée de génie qui a surgi pour ensuite me laisser choir. Envie de tout abandonner et de fuir. Aller marcher, appeler une amie, vérifier mon solde bancaire. C’est n’importe quoi! Je n’ai encore rien écrit. J’ai le vertige, comme si j’étais coincée dans le labyrinthe de miroirs du parc Belmont. Je veux juste un filon, une trame pour démarrer, une porte de sortie. Quelle germination! Et pendant que je chiale, tout à coup, l’angle émerge. Ça y est, c’est parti! J’ai trouvé la porte d’entrée pour m’en sortir.
Enfin, j’écris. Il faut rester dans le filon à tout prix. Mon conjoint se lève. « Je t’en supplie, ne me parle pas, j’écris! » La menace gronde : « Votre compte expirera dans deux minutes, une minute, 30 secondes… » Puis l’euphorie s’éteint. J’ai écrit. C’est terminé.
Commence alors le travail de moine. Me reste à corriger, resserrer, biffer, reprendre certains passages, soumettre à l’œil rigoureux d’un réviseur, me consoler de ses commentaires et refaire mes devoirs.
Combien d’heures pour une page? Aucune idée et vous savez quoi? C’est sans importance. J’ai eu si peur que l’inspiration soit expirée, je n’ai que de la reconnaissance.
Heureuse, je fixe l’autocollant jaune sur mon ordi, une citation tout à fait pertinente de notre amie Anne-Marie : « Si tu veux être efficace, fais des tartes ».
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Danielle Hudon